“Je suis Angolaise. Je viens de Luanda, la capitale, où j’avais monté mon propre salon de coiffure.
Et puis, j’ai rencontré mon mari, un Français, et j’ai abandonné tout ce que j’avais créé par amour pour lui. Je l’ai suivi en Corse.
Même si j’ai été accueillie à bras ouverts par sa famille, mon intégration dans la société n’a pas été évidente. Comment se faire des amis quand on ne parle pas la langue de son pays d’accueil ?
J’ai fini par trouver un emploi de femme de ménage, tout en me demandant ce que je pourrais faire de plus épanouissant. J’ai mis six ans à comprendre que je me posais la mauvaise question. L’important était de savoir ce que j’aimais faire ! S’il n’y avait pas de travail pour moi ici, je devais en créer un sur-mesure.
Je me suis soudain souvenue de cette formation d’éco-vannerie que j’avais suivie, adolescente, dans une école d’art à Luanda. Cette discipline consiste à fabriquer des objets à partir de papier recyclé. En Angola, nous ne sommes pas seulement d’excellents danseurs, nous sommes des créatifs, sensibilisés dès notre plus jeune âge au respect de l’environnement.
J’ai offert mon premier panier à mon mari. Il a été impressionné et m’a encouragée à continuer. Puis j’ai commencé à créer des lustres et des corbeilles pour mes amis. Je récupérerais les prospectus de réclame des supermarchés pour en faire ma matière première.
Dans la foulée, un article a paru sur moi dans un magazine féminin et le bouche-à-oreille a fait le reste. Maintenant, le papier vient à moi ! Parfois des inconnus déposent devant ma porte des sacs de journaux qui ont échappé au cycle du tri.
Je vends mon travail sur les foires. Chacune de mes créations raconte une histoire : j’y mets mes valeurs, la nostalgie de mon pays, la beauté inspirante de la Corse. Je donne aussi des ateliers, pour sensibiliser les jeunes à l’écologie. Ce qui me rend le plus fière n’est pas seulement le fait de réaliser de belles choses, c’est surtout de fédérer et de changer les mentalités.
Maintenant, ma microentreprise a un an. Je n’en vis pas encore, mais j’y consacre tout mon temps. L’éco-vannerie allie artisanat, recyclage et design. C’est l’avenir, tel que je le conçois.”
Propos recueillis par Kristel Michoux / Photo DR
Lire l’article sur Les Déviations : https://lesdeviations.fr/2019/01/08/luisa-paniers/
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